Unifergie, Installations biogaz : la complexité du montage financier
Quand une banque développe une expertise technique et financière pour sécuriser les projets de la filière biogaz
Christine Delamarre, Directeur général délégué d’Unifergie
En France, les diverses énergies renouvelables (ENR) ont pris leur essor en parallèle avec l’apparition des tarifs d’achat de l’électricité. La méthanisation est ainsi le « petit dernier » de la famille ENR et il se caractérise par un financement des plus délicats. Cela tient notamment à la complexité technique des projets.
« Ouvrir un dialogue autour de la conception du projet. »
« Comme nous avons déjà pu le constater avec la biomasse, la méthanisation doit intégrer une problématique d’approvisionnement en intrants, dont il s’agit d’assurer la quantité, la qualité et le prix d’achat dans la durée, souligne Christine Delamarre, directeur général délégué d’Unifergie, filiale du Crédit Agricole dédiée au financement des projets Energies et Territoires. Dans le cas de la méthanisation à la ferme, le gisement des intrants est maîtrisé, mais il y a une prudence à observer pour les projets territoriaux, dont certains ont connu des pertes de déchets. Soulignons que les intrants influent la conception, puis l’exploitation d’une installation. Cela implique des montages longs et complexes, qui tentent de tirer les leçons des premiers retours d’expérience présentant une rentabilité économique fragile et des disfonctionnements de certaines installations.. . Le groupe Crédit Agricole qui souhaite accompagner cette filière, a accompagné plus de 100 projets , dont 80 à la ferme. »
2 415 MW de puissance électrique ENR financés
Afin de s’assurer de la qualité des projets lui étant soumis, Unifergie – qui a financé 2 415 MW de puissance électrique produite à partir de différentes ENR pour un montant de 2,3 Mds€ – a développé ses propres outils d’analyse. « Cette expertise, développée depuis 2012 pour la méthanisation, permet à nos spécialistes d’ouvrir un dialogue avec le porteur de projet autour de la conception économique, technique, contractuelle et administrative de son dossier, explique Christine Delamarre. Ces outils permettent aussi de mesurer les risques de crédit et la rentabilité du projet. À ce sujet, il convient d’avoir un discours de vérité avec nos interlocuteurs. Par exemple, un agriculteur doit avoir conscience des charges de maintenance et de travail induites par une installation biogaz. Notons également la complexité des tarifs d’achat, dont l’avenir est aujourd’hui en question. Or, il s’agit d’éviter à la méthanisation, filière encore jeune en France, de connaître le phénomène de « stop and go » vécu par le photovoltaïque. »