Topager, stream building

La revue des énergies renouvelables et des solutions alternatives.

Topager, stream building

Nicolas Bel Fondateur de Topager

Vous avez participer au projet Stream Building, pouvez-vous nous présenter le projet ?

Le Stream Building est un immeuble mixte (bureaux, hôtellerie, commerces), situé en face du Tribunal de Grande Instance dans le Quartier Clichy Batignolles. Lauréat en 2015 de l’appel à projet innovants “Réinventer Paris” mené par la ville de Paris, il est l’illustration d’un bâtiment métabolisme, conçu et géré comme un être vivant qui produit et transforme des ressources dans une logique d’économie circulaire pour répondre aux enjeux de la ville de demain. Ainsi, le bâtiment compte 400 m² de panneaux photovoltaïques associés à 300 m² de production maraîchère qui alimentent en aromatiques, jeunes pousses, fleurs comestibles et petits fruits le restaurant de l’hôtel et les salariés des bureaux. En façade Sud, une houblonnière suspendue offre, par le volume des lianes de houblon, une protection contre les apports solaires en été et offre de la lumière en hiver lorsque les lianes perdent leurs feuilles. Elle alimente une micro-brasserie située en sous-sol et permet de brasser une bière ultra-locale, la Stream Beer, consommée dans le restaurant et la terrasse événementielle de l’hôtel.

L’apport en matière organique nécessaire à la fertilisation des cultures et plantations sur l’ensemble des niveaux est assuré par la récupération des déchets alimentaires des restaurants du Stream, des drêches de bières et des déchets d’entretien des espaces verts de l’immeuble. Ils sont compostés par voie électromécanique dans un local de compostage attenant à la brasserie.

Enfin, une faille végétale en façade Sud-Ouest contribue à l’identité du bâtiment et assure la fonction de corridor écologique en connectant les espaces du sol au toit, permettant le déplacement vertical de la biodiversité jusqu’à l’exploitation maraîchère en toiture.

Quelle a été la contribution de Topager au projet ?

Topager est partie prenante de ce projet depuis les premières intentions du concours, en 2015. Nous avons assuré la maîtrise d’œuvre paysagère de l’ensemble des espaces verts du bâtiment, puis les travaux d’aménagement en tant qu’entreprise. Aujourd’hui, nous brassons, compostons, cultivons et entretenons les différents espaces végétalisés et assurons le suivi annuel de la biodiversité et de la qualité des productions du site.

Quels sont les bénéfices de la toiture végétalisée par rapport à la gestion des eaux pluviales ?

Les toitures végétalisées assurent une double fonction : la rétention des eaux pluviales et le tamponnement, c’est-à-dire le rejet au réseau avec un certain retard. La rétention est permise grâce au stockage d’une partie des eaux de pluie dans la couche de drainage et dans le substrat, qui vont s’évacuer soit par évaporation, soit via la consommation en eau des plantes, l’évapotranspiration.L’effet retardateur, ou le tamponnement est complémentaire : les eaux stockées sont rejetées avec retard dans les systèmes en aval des toitures. Cela permet entre autres de ne pas surdimensionner les ouvrages de gestion des eaux en aval des toitures et de diminuer les frais associés pour la collectivité. D’autres bénéfices existent et sont à prendre en compte : la diminution de la consommation énergétique, notamment pour les besoins en rafraîchissement (diminution de la température de surface de la toiture par l’évapotranspiration des plantes et par l’évaporation de l’eau contenue dans le substrat), la diminution de l’effet d’îlot de chaleur urbain, l’isolation acoustique, le prolongement de la durée de vie de l’étanchéité, l’amélioration de la qualité de vie, l’accueil de la biodiversité…Il est également possible de combiner la végétalisation à l’installation de panneaux photovoltaïque. Ces derniers présentent une baisse de leur efficacité en cas de forte chaleur, hors c’est le moment où ils peuvent produire le plus. Le rafraîchissement généré par les plantes et le substrat permet de diminuer la température de surface des panneaux et ainsi d’augmenter leur efficacité.

Comment prendre en compte l’impact carbone d’une toiture végétalisée ?

Lors de sa fabrication, une toiture végétalisée classique a un poids carbone non négligeable, environ 7 kg équivalent CO2 par m2 pour les systèmes classiques avec 20 cm d’épaisseur. En revanche, il est possible de baisser significativement le poids carbone de la toiture en utilisant du substrat en réemploi, comme le fait la société Faiseurs de Terres avec le système VITEX. Dans le cas d’une culture maraîchère comme celle du Stream, on a un stockage carbone important du fait d’un sol riche en matière organique, des racines et des micro-organismes présents dans le sol, qui est estimé à 5 kg équivalent CO2 par m2 (source ADEME). D’autres facteurs permettent de réduire le poids carbone : le circuit court qui évite de transporter les productions maraîchères depuis l’extérieur de la ville, l’isolation thermique apportant des économies de climatisation grâce au rafraîchissement, le prolongement de la durée de vie des membranes d’étanchéité, ou encore les économies de gestion des eaux pluviales (sans toiture végétalisée, il aurait fallu construire un bassin en béton en sous-sol, juste pour l’effet retardateur). Tous ces bénéfices n’ont pas encore été quantifiés par une analyse de cycle de vie, mais il s’agit d’un travail indispensable pour évaluer l’impact carbone global d’une toiture végétalisée, et estimer, au-delà du stockage, le gain en termes d’émission de gaz à effet de serre sur toute sa durée de vie.

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