Smart Industrie
L’industrie sobre et efficiente
Si elle fait souvent référence au numérique et à la robotique, la Smart Industrie pose avant tout la question de la sobriété énergétique. Ainsi, il s’agit non seulement d’apporter des solutions intelligentes pour l’exploitation des bâtiments, mais également pour les procédés de fabrication et la fabrication des matériaux de construction. Ainsi, dans le domaine du bâtiment, le concept de Smart Industrie concerne l’ensemble du cycle industriel.
A l’heure où le réchauffement climatique pèse sur les décisions stratégiques et politiques, les entreprises doivent opérer en urgence une transformation en profondeur. Leur objectif ? Améliorer leur productivité tout en réduisant leur empreinte carbone. Rationaliser les coûts tout en s’attachant au bien-être de leurs collaborateurs. La Smart Industrie verra son organisation plus agile, saura anticiper l’arrivée d’une nouvelle technologie pour mieux l’intégrer dans son système de production, et placera l’environnement au cœur de ses valeurs. « La Smart Industrie est un sujet dont se sont emparés les professionnels de l’électronumérique et de la mécanique », commente Christophe Debard, président d’Alliance ALLICE (Alliance industrielle pour la compétitivité et l’efficacité énergétique), réseau initié par le centre technique des industries aérauliques et thermiques CETIAT en collaboration avec le Cetim, le CTCPA et ENEA consulting. Cette industrie du futur se dessine chaque jour. Pour autant, il ne s’agit pas seulement de créer des robots, de lancer des impressions 3D ou de faire sa transformation numérique pour parler de Smart Industrie. « La Smart Industrie est l’industrie sobre. Celle qui limite son empreinte carbone », poursuit-il. Alors que l’Industrie est la 3è consommatrice d’énergie après le secteur Résidentiel et le Transport, d’après l’Ademe, elle reste encore trop fortement dépendante des énergies fossiles. La vocation du réseau ALLICE, qui réunit 20 adhérents depuis fin 2018, est d’étudier les solutions d’efficacités énergétiques innovantes pour leur mise sur le marché à l’échelle industrielle.
La production de chaleur, l’enjeu principal
« L’enjeu principal de l’industrie, c’est sa production de chaleur. Cela concerne près de 70 % de sa consommation d’énergie », complète Christophe Debard. Elle est utilisée lors du fonctionnement de nombreux procédés. Selon l’Ademe, lors du fonctionnement d’un four, seulement 20 à 40 % de l’énergie du combustible utilisé constitue de la chaleur utile, ce qui représente potentiellement 60 à 80 % de chaleur fatale récupérable. Ainsi, Allice travaille en amont sur les solutions logicielles, de contrôles de commandes, d’outils de simulation, de fours à traitement thermique, de séchoirs, de stockage de chaleur ou de systèmes d’échangeurs pour qu’en bout de chaîne exploitants et industriels aient les meilleurs outils d’aides à la décision et les meilleures technologies. « Les industriels de l’agroalimentaire tout comme les fabricants de matériaux de construction sont très consommateurs d’énergie pour leurs procédés. Leurs problématiques sont différentes mais leurs besoins sont similaires », commente Christophe Debard. En effet, la charge énergétique de certains matériaux est particulièrement importante. Comme le ciment, les tuiles et les briques, le verre plat, le carrelage, la laine de verre ou de roche, ou encore les plaques de plâtre. D’après l’Ademe, le niveau de température de la chaleur fatale est une caractéristique déterminante de sa stratégie de valorisation. Dans la pratique, les niveaux de température peuvent aller de 30°C, pour les eaux usées à 500°C, pour les gaz de combustion, par exemple. Alliance ALLICE travaille ainsi notamment sur la valorisation de buées issues de chaleur fatale.
Une industrie énergivore qui tend vers la sobriété
« Les industries de transformation des matériaux et sols plastiques sont très énergivores également. Les sols en bois sont un peu plus favorables en termes de bilan carbone parce que ce dernier est stocké dans le matériau pendant la durée de son usage », précise le président d’ALLICE. Alors, la démarche d’efficience énergétique est primordiale. Le prix de revient et donc la compétitivité de l’industrie en dépendent. « L’industrie a fait beaucoup d’efforts en matière d’amélioration énergétique depuis vingt ans. Elle est soumise à de fortes contraintes réglementaires, environnementales, sécuritaires… La décarbonation de ses process est un nouvel enjeu », poursuit Christophe Debard. Avec la volonté politique d’atteindre la neutralité carbone en 2050, les industries n’ont plus le choix. La sobriété énergétique passe ainsi par le remplacement des énergies fossiles par des énergies renouvelables, bas carbone. « Ainsi, les entreprises peuvent mettre en place des systèmes de récupération de chaleur fatale, investir dans des fours plus performants, installer la data pour mieux piloter leurs usines ou améliorer la performance de leurs usines par une approche systémique de leur énergie », complète Christophe Debard. « Etre sobre, c’est limiter sa consommation d’énergie et être efficient en allant chercher des solutions plus performantes et des énergies décarbonées ». Ainsi, les industries peuvent par exemple développer des systèmes de production solaire photovoltaïques ou thermiques, ainsi que des installations de méthanisation pour alimenter leurs procédés. « C’est l’énergie verte, renouvelable. Mais l’énergie électrique bleue, issue du nucléaire, est, elle aussi en France décarbonée ». Dans les années à venir, les projets liés à la sobriété énergétique et la décarbonation vont ainsi se multiplier pour rendre nos industries de plus en plus efficientes.
« Une industrie sobre doit limiter sa consommation d’énergie et être efficiente en allant chercher des énergies décarbonées. »