Responsabilité Sociétale du Bâtiment.
L’urgence de décarboner la construction
Filière clé dans la lutte contre le réchauffement climatique, le Bâtiment doit faire sa mue en matière de responsabilité sociétale et d’impact environnemental.Matérialisée par la norme ISO 26000, la RSE s’appuie sur trois fondements : l’économie des ressources (humaines, matériaux ou énergie), la préservation de l’environnement et l’équité sociale. Dans le monde du bâtiment et de la construction, cette RSE peut également être appliquée dans une démarche globale d’amélioration de la performance de l’ensemble des activités, qu’il s’agisse des relations aux collaborateurs et de la réflexion autour des projets. L’urgence, aujourd’hui, est à la décarbonation des activités.
En appliquant la RSE à la filière du Bâtiment, on considère l’ensemble du cycle de vie du bâti, dès la phase de fabrication des matériaux de construction jusqu’à la déconstruction, le recyclage ou le ré-usage. Aujourd’hui, le chantier visant à réduire l’impact carbone de la construction est ainsi en pleine phase d’accélération. D’après le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, le secteur du bâtiment représentait en 2016, 44 % de l’énergie consommée en France. Chaque année, ce secteur émet plus de 123 millions de tonnes de CO2, soit près du quart des émissions nationales. Ce qui en fait un domaine clé dans la lutte contre le réchauffement climatique et la transition énergétique. Le gouvernement ambitionne ainsi de diviser par quatre les émissions de CO2 d’ici à 2050 et encourage les entreprises du bâtiment à prendre leur part. Ainsi, pour réduire cet impact environnemental, il faut non seulement travailler sur la rénovation énergétique du parc existant mais également sur la consommation d’énergie des bâtiments neufs.
« Il se vit actuellement une véritable course de la part des industriels afin de diminuer la part de carbone dans la fabrication de leurs matériaux. »
Décarboner la phase de construction
Avec la Réglementation Thermique 2020, qui sera appliquée au 1er janvier prochain, les industriels du bâtiment devront réduire l’impact de leurs entreprises sur l’environnement. Si le chantier de la réduction de la consommation des énergies des bâtiments dans leurs phases d’exploitation a atteint sa maturité technique et technologique, reste celui de la décarbonation de la phase de construction.« La notion de réduction de l’empreinte carbone, dont la prise de conscience en matière de fabrication des matériaux de construction est assez récente, doit se faire aujourd’hui dans l’urgence », note Alain Maugard, ex-président du CSTB, Centre Scientifique et Technique du Bâtiment. « En effet, nous avons travaillé durant vingt ans à réduire la consommation énergétique des bâtiments durant leur phase d’exploitation. Si le chantier arrive aujourd’hui à maturité, il masquait un autre problème, celui des émissions de gaz à effet de serre durant la phase de construction. Car les matériaux aussi nécessitent de l’énergie pour leur fabrication et cela émet du CO2. L’urgence aujourd’hui est de parvenir à décarboner cette première phase de la construction. » Outre l’impact environnemental très fort, le taux de déchets de la filière est égalementassez élevé. L’efficacité énergétique doit ainsi se mesurer à différents niveaux.
Matériaux éco-sourcés ou recyclables
Les industriels travaillent alors sur la fabrication de matériaux éco-sourcés, issus de ressources renouvelables. Ou de matériaux issus du recyclage de la matière. Ainsi, dans le domaine des fenêtres et volets roulants en PVC par exemple, certaines entreprises récupèrent la matière afin de la réintégrer dans le cycle de production. Spécialiste de l’extrusion de matière plastique et fabricant de volets roulants en PVC pour les menuiseries industrielles, SPPF à Cholet comptait encore 9 % de taux de déchets, matière destinée à être recyclée, en 2013. « Progressivement, grâce à des investissements, de la recherche et des certifications concernant des produits réalisés à partir de plastique recyclé, nous sommes devenus consommateurs, plutôt que producteurs de PVC destiné au recyclage, à hauteur de 40 % de notre consommation totale », indique Stéphane Jacquet, Directeur Général. Un cercle vertueux qui permet à l’entreprise d’économiser ainsi 1.200 tonnes de matière plastique vierge chaque année. Alain Maugard le remarque également : «Il se vit actuellement une véritable course de la part des industriels afin de diminuer la part de carbone dans la fabrication de leurs matériaux. L’enjeu est de gagner en avantage compétitif immédiatement. D’où l’intérêt de travailler sur des matériaux organiques et bio-sourcés, comme le bois, le chanvre et d’autres végétaux fibreux isolants qui absorbent déjà du carbone durant leur première phase de vie. »Les industriels doivent ainsi mettre les bouchées doubles en matière d’innovation pour s’assurer un bilan carbone le plus proche de zéro possible.