Neueus, Recycler l’eau : levier d’efficacité environnementale et économique
Eaux usées : l’or caché de l’agroalimentaire
Les industries agroalimentaires peuvent-elle se passer de station d’épuration ?
Oui, les industries agroalimentaires peuvent parfaitement fractionner leurs eaux usées et leurs effluents. Ces éléments ont tous une valeur, qu’il s’agisse de l’eau, des matières organiques, des fertilisants ou de la chaleur. Un exemple ? Il y a plusieurs années, nous sommes intervenus sur une distillerie de rhum et avons réalisé un fractionnement des vinasses, sous-partie liquide de la fabrication du rhum. Nous avons installé un équipement ayant pour mission de scinder l’eau et les matières.
Comment ces deux parties sont-elles revalorisées ?
L’eau issue des vinasses se substitue désormais à l’eau de forage pour imbiber les cannes à sucre. Les matières provenant des vinasses sont quant à elles expédiées dans une compostière située juste en face de l’usine. Elles contribuent à la fabrication d’un compost qui fertilise des bananeraies et des cultures de canne. Cet industriel a fermé sa station d’épuration. Il a récupéré de la surface pour construire des chais.
Pourquoi recycler son eau peut-être une bonne opération ?
Le traitement des eaux usées consomme énormément d’énergie. En France, environ 3 % des émissions de CO2 sont liées à l’eau, en particulier aux eaux usées. Il faut sortir de cette logique qui consiste à dépenser de l’énergie pour transformer le carbone des effluents en CO2 ! D’autant que les eaux usées des industries agroalimentaires contiennent, dans l’immense majorité des cas, des ingrédients intéressants.
Quand ils ont investi dans des solutions leur permettant de recycler leur eau, les industriels sont, par ailleurs, moins vulnérables en cas de sécheresse. Lors d’épisodes de grande chaleur, les restrictions les touchent en premier, avant les habitants, la défense incendie et les hôpitaux. Le manque à gagner peut vite s’avérer important.
L’eau recyclée est-elle aussi sûre que l’eau dépolluée ?
Il est bien plus exigeant de produire de l’eau recyclée et réutilisable que de juste la dépolluer. On demande au traiteur d’eau s’il a bien retiré les polluants, quand le producteur d’une eau réutilisable est responsable de l’innocuité de son eau recyclée. La logique est totalement différente. Mais cette différence est difficile à intégrer, car elle bouscule les habitudes : certaines techniques comme les UV, l’ozone ou le chlore laissent le résultat de leur action dans l’eau. Quels fragments de micro-organismes ou quels métabolites restent dans l’eau traitée ? Quelle seront leur accumulation et leurs effets dans une boucle de recirculation d’eau ?
Recycler l’eau in situ coûte moins cher, dites-vous…
L’eau du réseau public a un coût majeur : celui des infrastructures enterrées vieillissantes et des fuites récurrentes. Réparer et agrandir ces réseaux est très onéreux. Le recyclage de l’eau offre une alternative économique. En revalorisant leurs effluents sur place, les industriels s’affranchissent de ces coûts liés à l’eau du réseau. L’équilibre économique peut être trouvé en installant le tri et le recyclage des effluents au plus près du site lieu de production. L’autre aspect économique non négligeable, c’est la récupération de chaleur. Sur une laverie de linge, le système recycle l’eau à température identique. Si elle était à 40 degrés, elle est recyclée à 40 degrés. Les économies générées sont très importantes sur le plan énergétique.