Le rôle des réseaux urbains chaleur/froid dans la transition énergétique, Fedene
L’utilisation des réseaux urbains chaleurs/froid en France, évolution et avantages
Interview de Pierre de MONTLIVAULT, Président de la FEDENE
Aujourd’hui, 833 réseaux livrent une chaleur renouvelable et décarbonée à l’équivalent de 2,4 millions de logements.
Pouvez-vous nous présenter l’évolution des réseaux urbains chaleur/froid en France ?
La chaleur représente la moitié de la consommation d’énergie finale et 20 % des émissions de gaz à effet de serre en France. Il est impératif de la décarboner.
Les réseaux de chaleur utilisent toutes les énergies renouvelables et de récupération (EnR&R) disponibles localement. Biomasse, géothermie, biogaz, chaleur récupérée des sites industriels ou de la valorisation énergétique des déchets, solaire… nos territoires disposent d’importants gisements EnR&R dont les prix et l’approvisionnement se révèlent plus stables que les énergies importées : les valoriser, c’est lutter contre le réchauffement climatique et la précarité énergétique.
En dix ans, les réseaux de chaleur ont doublé leur chaleur issue d’EnR&R, doublé le nombre de bâtiments raccordés et divisé par deux leurs émissions de CO2. Aujourd’hui, 833 réseaux livrent une chaleur renouvelable et décarbonée à l’équivalent de 2,4 millions de logements.
Le rafraîchissement et la lutte contre les phénomènes d’îlots de chaleur sont des enjeux sanitaires majeurs. La canicule de 2003 a tué plus de 15 000 personnes. Les réseaux de froid répondent à ces enjeux en fournissant des bâtiments comme les hôpitaux. Si on ne compte que 32 réseaux de froid en France, leur nombre va s’accroître pour nous adapter au réchauffement climatique.
Pouvez-vous nous rappeler les avantages de l’utilisation d’un réseau urbain pour un établissement tel qu’un hôpital ?
Les réseaux présentent de nombreux avantages pour les établissements de santé. Leur mixité énergétique leur permet de maîtriser leurs budgets. Les services d’un hôpital sont assurés de bénéficier constamment de la température correspondant à leurs besoins puisque les réseaux de chaleur sont pilotés en permanence pour assurer la qualité et la continuité du service. Se raccorder à un réseau réduit les risques liés à la présence d’un combustible (incendies, explosions) et entraîne un gain de place important.
A ce jour savez-vous combien d’établissement de santé sont raccordés à un réseau urbain ?
Les réseaux de chaleur ne pèsent aujourd’hui que 5% du chauffage et l’eau chaude des établissements de santé. A l’inverse, le fioul et le gaz pèsent plus de 50% !
Il y a urgence à en raccorder davantage. Des aides existent via les certificats d’économies d’énergie. Si l’établissement de santé s’engage dans une démarche d’économies d’énergie, via un Contrat de Performance Energétique, ces aides sont bonifiées.
Le nombre de villes utilisant les réseaux va fortement croître : de 800 villes aujourd’hui à plus de 2000 d’ici 2030. Des exemples de villes existent, comme Paris, où tous les établissements de santé sont raccordés au réseau de chaleur de la ville