Interview auprès
André Santini
Maire d’Issy-les-Moulineaux
Quelle a été la volonté de la ville à développer ce projet ?
Initié en 2012, Issy Grid est le premier réseau urbain intelligent de production et de gestion optimisée de l’énergie à l’échelle d’un quartier. Ce projet, inédit en France, est porté par un consortium de dix grandes entreprises leaders dans leur domaine (Bouygues Energies & Services, Bouygues Immobilier, Bouygues Telecom, EDF, Enedis, General Electric, Microsoft, Schneider Electric, Sopra Steria et Total) mais aussi par des collectivités et des start-up.
L’un des objectifs est de mettre en évidence comment le quartier consomme en temps réel et comment la production d’énergie renouvelable, installée sur les immeubles de bureaux, fournit les habitations, l’éclairage public, les bornes des voitures électriques, etc. La gestion en temps réel de la distribution et du stockage doit permettre de moduler les baisses et hausses de consommation électrique.
Issy Grid, comme un laboratoire grandeur nature, préfigure donc la gestion de l’énergie dans le quartier et la ville de demain en répondant à trois objectifs principaux : une mixité des espaces, une mobilité repensée et une gestion intelligente de l’énergie. Il s’agit de consommer mieux, moins (réduire les pics de consommation) et au bon moment, tout en incluant les nouveaux usages de la consommation d’énergie, avec la production locale d’énergies renouvelables et le stockage.
Quel est le premier bilan que vous pouvez analyser ?
La ville d’Issy-les-Moulineaux offre son territoire à l’expérimentation. En 2012, lors du lancement du projet, seul le quartier d’affaire Seine Ouest était relié à Issy Grid avec notamment la Tour Sequana (42 000 m²), premier immeuble de bureau existant rendu « smart grid-ready », qui abrite aujourd’hui le siège du groupe AccorHotels. En 2015, l’éco-quartier du Fort d’Issy (861 logements) est venu se greffer au projet et, depuis l’année dernière, nous intégrons progressivement la gare Issy RER (Ligne C), les restaurants du quartier ainsi que l’EFB (École de Formation des Barreaux) dotée de 300 m² de panneaux photovoltaïques sur sa toiture.
Aujourd’hui, Issy Grid regroupe 2 000 logements, 5 000 habitants, 160 000 m² de bureaux et 10 000 employés. Cela permet de collecter des données sur un smart grid urbain, ses implications techniques, économiques, règlementaires et sociologiques. Nous sommes actuellement en phase d’analyse et de mise à disposition.
A propos d’avenir, quelles sont les perspectives ?
Nous souhaitons capitaliser et ré-utiliser le savoir-faire acquis à Issy-les-Moulineaux pour la conception des futurs quartiers à énergie positive. Des villes comme Nanterre qui lance un éco-quartier de 70 000 m² avec un smart grid axé autour de la chaleur, mais aussi Bordeaux et Marseille.
Il s’agit également de poursuivre le développement des équipements publics « smart » comme les lampadaires connectés, les détecteurs de trafic pour moduler l’éclairage de la route en fonction de la circulation.
Enfin, le projet Issy Grid souhaite mettre à disposition du grand public les données énergétiques du projet pour inventer les services de demain.
Premier tableau de bord énergétique urbain.