Gillet Topo et Réseaux En montagne, la gestion et la maîtrise de l’eau répondent à des contraintes topographiques importantes.
Alpage, station de ski, espaces naturels
les enjeux de l’eau
Entretien avec
Michel Gillet,
Gérant
Gillet Topo et Réseaux en Haute-Savoie
Comment s’organise l’assainissement en eau potable et le traitement des effluents en montagne ?
Les enjeux sur ces territoires sont très importants du fait de la saisonnalité. D’abord, parce que les conditions climatiques obligent à travailler sur les chantiers durant des périodes courtes, de mi-avril à fin juin et de début septembre à mi-novembre. Parfois même jusque début novembre au-delà de 1.500 mètres d’altitude, en raison de la neige. Il faut alors deux saisons pour terminer certains ouvrages. Ensuite, ce sont des territoires qui vivent essentiellement du tourisme. Les travaux ne doivent pas gêner l’activité touristique, ni même celle des agriculteurs en alpage. Le dimensionnement des ouvrages peut également poser problème : il s’agit de réfléchir en amont à des ouvrages qui permettent de répondre aux pics de fréquentation. Certains villages de montagnes comptent 1.300 habitants mais 18.000 lits. L’eau distribuée et traitée est alors multipliée par 10 ou 15. L’ouvrage doit être dimensionné en conséquence et répondre au plus fort de l’activité. Même si cela ne dure que 15 jours dans l’année. C’est pourquoi il est nécessaire de réaliser des ouvrages en division, pour une exploitation hiver et été.
En quoi la captation d’eau et l’assainissement sont-ils différents en montagne ?
Contrairement à la Bretagne par exemple, il n’y a pas de nappes phréatiques en montagne. La captation d’eau est superficielle, à environ 4 à 5 mètres de profondeur seulement. Ce qui rend l’eau vulnérable aux conditions climatiques et à la pollution chronique. Les sources se tarissent très vite et la qualité est changeante. Un orage – ce qui est fréquent en montagne – peut provoquer de gros écarts en terme de qualité, avec une eau turbide, très trouble. Il faut alors installer des traitements UV, des filtres à sable ou des systèmes d’ultra filtration pour préserver la qualité de l’eau.
Les réseaux d’eau participent aussi aux activités d’alpage ?
En effet, il y a une grande activité liée à la gestion des alpages. Suite aux sécheresses de 2013, des réservoirs d’eau provisoires sont installés pour l’été sur les espaces agricoles. Nous avons installés des citernes en bâches alimentaires de 400 m3 qui permettent de stocker l’eau de l’hiver et de la redistribuer en été aux vaches en pâturage. La qualité de l’eau est bien meilleure que dans une installation en dur, car elle n’est pas stagnante. Sans contact avec l’air, elle n’est donc pas soumise au développement microbien. La qualité de l’eau que boivent les vaches est un enjeu important pour la fabrication de certains fromages AOP comme le Beaufort ou le Reblochon.
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