Enia Green, ne marketplace qui facilite et fiabilise les flux de matières organiques
En 2022, des plans de fourniture sécurisés à hauteur d’un million de tonnes
Jacques-Arthur de Saint Germain, Fondateur et PDG d’Enia Green
« Outre la marketplace, nous transformons des biodéchets et produisons des CIVE »
Trouver des matières organiques – dans les bonnes quantités et qualités – pour assurer le rendement de son unité de méthanisation n’est pas toujours aisé. Il existe pourtant des solutions pour sécuriser durablement ses approvisionnements, comme l’évoque Jacques-Arthur de Saint Germain, Fondateur et PDG d’Enia Green.
Vous proposez une marketplace pour les matières organiques. Quel en est le principe ?
Il s’agit d’identifier, sur un territoire, les producteurs de matières organiques et de les mettre en relation avec des exploitants d’unités de méthanisation, existantes ou à venir. Nous établissons ensuite un plan d’approvisionnement et assurons la logistique de la première livraison, après quoi la relation entre les nouveaux partenaires suit son cours. L’intérêt est de trouver des « bons plans » pour l’ensemble des acteurs, tout en pouvant travailler sur une maille territoriale fine, dans l’optique d’optimiser la logistique en termes économiques et écologiques. C’est d’ailleurs une aberration de voir que des matières font parfois 250 km de route avant d’être méthanisées. En moyenne, nous apportons à un méthaniseur 20 contrats de fourniture de matières en 1 seul échéancier, pour environ 10 000 tonnes par an.
Votre travail de localisation de gisements de matières organiques interagit aussi avec une activité de développement d’installations biogaz…
En effet, nous portons actuellement une quinzaine de projets à travers la France, sur des territoires où nous avons localisé des gisements, sans installations biogaz présentes à proximité. En faisant ainsi l’étude de gisement au préalable, nous prenons le contre-pied de l’habituel schéma qui réfléchit seulement à l’approvisionnement après avoir choisi l’implantation potentielle d’un méthaniseur. Les projets que nous développons sont très complémentaires à la marketplace, dans la mesure où ils nous permettent d’être au contact avec les agriculteurs, les fournisseurs de biodéchets, les élus, les transporteurs, etc.
En parallèle, vous êtes propriétaires en direct de matières organiques…
Oui. Par exemple, nous déconditionnons des biodéchets alimentaires, afin de les rendre valorisables par la méthanisation. En cas de présence de viande dans ces sous-produits, nous les hygiénisons pour éviter la formation de bactéries indésirables. Nous traitons aussi des déchets agroalimentaires pour lesquels les industriels ne trouvent pas de débouchés à proximité : grigons d’olives, marcs de café, effluents de chimie… Pour l’heure, nous avons une plateforme de préparation en région parisienne. Une autre sera bientôt mise en service en région lyonnaise, toujours en vue de rapprocher l’offre et la demande. A noter que nous assurons la traçabilité de l’ensemble des matières qui transitent par notre plateforme.
Vous êtes également producteurs de matières organiques, à travers les cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE) ?
En effet, via la marketplace, nous identifions les surfaces agricoles qui peuvent être dédiées à ces CIVE autour d’un méthaniseur donné. Nous mettons à profit la période hivernale pour semer, faucher et transporter les matières ainsi produites. Par exemple, grâce à cette prospection d’un genre nouveau, nous avons récemment identifié une surface de 250 hectares à l’est de Rennes. En sachant qu’un hectare peut générer entre 15 et 20 tonnes de CIVE brutes, ce gisement va permettre à un méthaniseur local de doubler prochainement sa production : il passera de 75 à 150 kWe. L’intérêt des CIVE est aussi de nourrir et d’aérer le sol. Cette nouvelle activité va nous permettre d’accroître encore l’offre de matières organiques sur la marketplace. En 2021, nous y avions sécurisé des plans de fourniture à hauteur de 500 000 tonnes. Un volume qui a doublé en 2022 et qui est en bonne voie de croissance avec la contractualisation de CIVE qui seront récoltées au printemps 2024.