« Améliorer le bilan carbone du bâtiment passera par des expérimentations »
Performance énergétique. Accélérer la transition
Economistes, constructeurs et promoteurs sont engagés dans une démarche de réduction des empreintes carbones de leurs projets, avec en ligne de mire le respect de la stratégie nationale bas carbone. Pour la phase amont, les professionnels anticipent les évolutions réglementaires en tentent des expérimentations. En aval, dans les bâtiments existants, les retours de performances sur la consommation énergétique sont, eux, en-deçà des objectifs fixés. Les leviers d’amélioration sont encore nombreux et nécessitent un coup d’accélérateur. Interviews de Loïs Moulas, directeur général de l’Observatoire de l’Immobilier Durable et Sylvain Tessier, référent carbone de l’Union Nationale des Economistes de la Construction.
Sylvain Teissier, référent carbone à l’UNTEC
L’UNTEC, l’Union nationale des Economistes de la Construction, anticipe depuis près d’un an la révolution de la RE2020. Le coût carbone, désormais intégré au coût global des constructions, confirme une méthode de travail déjà basée sur l’avantage au mieux disant en termes de matériaux et de process de production. Une confirmation, l’aspect financier n’est plus le seul critère.
Comment les économistes de la construction abordent la question du bas carbone ?
Sylvain Teissier : L’aspect carbone de la RE2020 rajoute simplement une brique à nos méthodes de calculs quant aux projets de construction d’un bâtiment résidentiel ou tertiaire. Le critère de coût n’est plus le seul à rentrer en ligne de compte. Nous intégrons désormais la notion de coût global : l’origine du matériau, sa durée de vie et sa capacité de réemploi. Ce calcul carbone réglementaire nécessite d’utiliser des données environnementales vérifiées et validées. Mais au-delà d’une simple fiche technique de produit, il s’agit aussi de comprendre la méthode de production, la mise en œuvre et l’entretien. Notre méthode de travail va dans le sens d’une démarche citoyenne à l’égard de l’environnement.
Quelles seront les nouvelles exigences ?
Sylvain Teissier : L’évolution de la RE2020 implique un renforcement des exigences par palier, tous les trois ans. Ce qui veut dire que tous les trois ans, nous serons obligés de tendre vers une amélioration encore plus forte des techniques et des matériaux. Nos maîtres d’ouvrages, les communes ou les bailleurs sociaux, notamment, ont justement envie d’aller plus loin. Nous les accompagnons dans cette démarche. Il nous faudra aussi nous former, apprendre à mieux connaître certaines techniques et aller encore plus vite dans leur maîtrise.
Qu’est-ce qui fera la différence en matière de calcul bas carbone ?
Sylvain Teissier : Notre force, c’est celle d’un réseau d’économistes capable d’échanger et de se former en permanence. Ce qui nous importe, c’est la technique plus que le produit. Cela passera par des expérimentations permettant de généraliser des solutions. La RE2020 s’appuie sur la capacité des industriels à évoluer et innover, s’inscrivant dans une démarche de progrès, un cercle vertueux. Chacun va tendre vers l’amélioration de ses process et de ses techniques de mises en œuvre. Notre rôle est ainsi de prescrire la solution la plus optimale en respectant les contraintes de coût, en totale indépendance.