« La récupération de chaleur fatale, un enjeu colossal ! »
Youmna Romitti, Responsable Pôle Energie et Procédés Industriels au CETIAT
Que représente le potentiel de chaleur fatale en France ?
Dans l’industrie, la récupération et la valorisation de la chaleur fatale constituent un fort potentiel d’économies d’énergie. En effet, l’ADEME estime à 109,7 TW/h le gisement de chaleur fatale en France. Un chiffre à mettre en face de celui de la consommation électrique française qui est de 474 TW/h. C’est dire l’enjeu !
D’où vient ce gisement ?
Dans ce gisement, 27 % de la chaleur fatale est produite par les rejets des séchoirs. De manière générale, il provient de différents équipements ou procédés qui génèrent de la chaleur. Industrie agroalimentaire, mais aussi matériaux de construction, métallurgie, mécanique, traitement de surface, textile, papèterie… Certaines industries ont déjà mis en place des procédés de récupération, mais il nous reste encore beaucoup à faire. Le CETIAT accompagne ainsi ses 340 ressortissants industriels à développer des solutions et ses clients dans le choix des technologies et des procédés leur permettant de mettre en place des systèmes de récupération de cette chaleur fatale et de la réintégrer soit dans leur eau chaude sanitaire, dans des systèmes de lavage, soit dans les utilités comme l’air comprimé, le grand froid, les chaudières, si la chaleur n’excède pas 50°. Au-delà, elle peut être réutilisée dans des procédés industriels qui le nécessitent.
Comment aller plus loin pour gagner en efficience ?
Cette valorisation de chaleur fatale peut s’organiser en interne pour leurs propres besoins et en externe pour répondre aux besoins de chaleur d’autres entreprises ou d’un territoire. Nous organisons tous les deux ans un colloque, FIRE, qui permet de diffuser les ressources techniques, de partager des retours d’expériences et d’échanger sur les moyens de financement. Cela permet aussi de générer de nouveaux projets. Cette année, 115 industriels ont participé au colloque qui s’est tenu le 12 mars à Paris.
Enfin, pour gagner en efficience et en sobriété énergétique au-delà de la récupération de chaleur fatale, les industriels doivent investir et parfois se remettre en question, notamment en matière de process. C’est là que le CETIAT intervient. Nous nous appuyons sur une plateforme d’essais innovante qui permet de valider la faisabilité technique et spécifique des procédés de chauffe et de transfert de chaleur, par rayonnement infrarouges, micro-ondes par exemple. L’objectif est de permettre aux industriels d’optimiser leur transfert de chaleur afin de réduire leurs coûts de consommation d’énergie.
109,7 TW/h, c’est le gisement de chaleur fatale en France
27 % des rejets de chaleur proviennent des séchoirs industriels
70 % de la consommation d’énergie industrielle est liée à la production de chaleur