L’injection de biométhane est venue redistribuer les cartes de la filière biogaz en 2014-2015
Les premiers retours d’expérience positifs ont suscité un effet d’entraînement
Aurélien Lugardon,
PDG
Naskeo
« Le biométhane jouera un rôle essentiel dans la transition énergétique »
De la conception à l’exploitation, en passant par la construction, Naskeo est présent sur l’ensemble de la chaîne du biogaz. Quelles évolutions observez-vous actuellement sur ce marché ?
Jusqu’en 2014-2015, la filière s’est développée autour de la cogénération, puis l’injection de biométhane est venue redistribuer les cartes. A cette date, les premiers projets, lancés suite à la parution des tarifs d’achat du biométhane en 2011, ont rencontré un beau succès. Ces retours d’expérience positifs ont suscité un effet d’entraînement. Aujourd’hui, une soixantaine de sites injectent du biométhane. En outre, il y a une belle file d’attente et la croissance a vocation à perdurer. En effet, la filière pourra profiter de la future loi stipulant que les collectivités locales devront trier les biodéchets à la source, à l’horizon 2025. De plus, le biométhane répond à de fortes attentes, tant au niveau des méthaniseurs que les usagers finaux.
Comment cela ?
Avec son rendement, l’injection – qui permet de valoriser jusqu’à 90 % de l’énergie primaire du biogaz, alors que ce ratio est de 40 % avec la cogénération – offre au monde agricole de nouveaux débouchés pour stabiliser ses revenus. Le biométhane est aussi une voie d’avenir pour des applications dans le domaine de la mobilité, en offrant une solution pour les poids lourds, les utilitaires ou les bateaux, pour lesquels l’électricité n’est pas envisageable, en l’état actuel de la technologie. Ne dégageant pas de particules et 100 % renouvelable, le « gaz vert » se pose en alternative au diesel et jouera un rôle essentiel dans la transition énergétique.
Le regard de l’ATEE« L’injection devrait suivre sa bonne dynamique à l’avenir, évoque Michel Spillemaecker, Président du Club Biogaz ATEE. En effet, dans le cadre des Programmations Pluriannuelles de l’Energie, la part du biométhane dans les réseaux de gaz devrait passer à 10 %, à l’horizon 2030, contre 1 % actuellement. Cela implique la mise en service d’un millier de sites en injection. Pour préparer cette échéance, la filière continue à se structurer, notamment à travers la valorisation du savoir-faire français, la R&D, la labellisation ou encore l’optimisation attendue de la conduite administrative des projets. » |