L’atmosphère modifiée, solution efficace et durable pour conserver les produits agroalimentaires
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Interview Véronique Malahieude,
Directrice Commerciale Adjointe du Groupe Bernhardt Deltasacs,
Une alternative au stockage en hangars réfrigérés et aux produits phytosanitaires.
Économique et écologique, la conservation sous atmosphère modifiée révolutionne la préservation des produits agroalimentaires. En effet, elle offre une alternative à la réfrigération, évite l’usage de conservateurs chimiques et limite le gaspillage alimentaire. Cette technique est aussi sobre en électricité et permet d’optimiser la logistique des produits conservés. Le point avec Véronique Malahieude, Directrice Commerciale Adjointe du Groupe Bernhardt Deltasacs.
Comment l’atmosphère modifiée agit-elle pour assurer la bonne conservation des produits agroalimentaires ?
Ce procédé consiste à modifier la composition gazeuse autour d’un produit périssable conservé dans un emballage, en vue de réduire significativement la présence d’O2. Ce faisant, l’objectif est de ralentir considérablement le métabolisme des produits conservés, ainsi que d’inhiber les phénomènes d’oxydation, de moisissures et de développement bactérien. L’emballage joue aussi un rôle de barrière contre l’humidité ou les UV. Après la mise sous vide, et selon la nature du produit conservé, il est possible d’injecter ou non de l’azote, un gaz inerte. Ces opérations permettent de ramener le taux d’O2 à moins de 0,2 %. Un des enjeux pour réussir cette opération est de savoir adapter la machine de mise sous vide et de conditionnement, ainsi que les emballages, au produit à conserver. Celui-ci peut être solide, poudreux, pâteux ou liquide. Une telle adéquation permet une totale maîtrise des gaz injectés, tout en évitant le risque de reprise d’air. Ainsi, nous avons des clients qui, ayant fait des analyses après des tests de vieillissement accéléré, ont établi que leurs produits gardaient leurs propriétés organoleptiques et nutritionnelles après 5 ans de conservation.
Quels sont les avantages environnementaux de la conservation sous atmosphère modifiée ?
Avec la possibilité de stocker des produits à température ambiante, ce type de conservation constitue une réelle alternative écologique à une méthode plus traditionnelle comme le froid intense. Imaginez le gain à la fois environnemental et financier obtenu en se passant de hangars réfrigérés aux consommations énergétiques colossales. L’inertage permet aussi aux céréaliers et aux semenciers d’éviter la prolifération d’insectes dans leurs stocks, tout en se dispensant d’utiliser des produits phytosanitaires dont l’empreinte environnementale est loin d’être neutre, sans même parler des risques sanitaires pour les opérateurs. Concernant justement le stockage de graines ou de granulés, nous avons un partenaire qui propose une solution mobile, ayant déjà permis de stocker et de préserver plusieurs milliers de tonnes de produits, le tout en réduisant considérablement les pertes qui peuvent impacter fortement les céréaliers. À cela s’ajoute aussi des avantages pour les consommateurs, puisque la conservation sous atmosphère modifiée permet d’éviter l’ajout de conservateurs alimentaires et d’additifs artificiels.
Et concernant l’impact environnemental de vos solutions ?
Avec des machines de conditionnement qui fonctionnent à l’électricité – et dont nous optimisons en permanence le rendement –, il n’y a pas de rejets, hormis ceux liés à la production de l’énergie consommée. Pour notre filière, la réduction des gaz à effet de serre repose sur le bon sourcing des matières premières et sur la fin de vie des emballages, dont tous ne sont pas encore recyclables. Ce sont là des aspects sur lesquels notre R&D est à l’œuvre pour décarboner toujours plus nos solutions. Par exemple, nous étudions la possibilité de réaliser l’intertage avec du CO2 et donc du bioCO2. Rappelons aussi que, plus globalement, une conservation optimale des produits alimentaires permet d’en réduire significativement le gaspillage.