Miser exclusivement sur la construction neuve pour répondre à la crise du logement : une stratégie infondée
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Le Gouvernement semble concentrer ses efforts sur la construction neuve, en élargissant notamment le PTZ pour résoudre la crise du logement. Or, cette stratégie n’est pas à la hauteur des besoins. Selon l’ADEME, le parc de logements neufs nécessaire se situe entre 120 000 et 350 000 unités par an. Avec 330 900 autorisations et 258 500 mises en chantier prévues pour 2025, la CAPEB estime que l’effort de construction neuve est déjà dans la fourchette des besoins identifiés. Les réservations de logements sont nettement inférieures aux mises en vente de logements neufs, ce qui interroge sur une politique qui continue de porter uniquement sur la construction neuve.
La « crise du logement » n’est appréhendée par les pouvoirs publics que par le prisme de la construction neuve. Or, la rénovation offre un potentiel considérable de logements :
11 millions de logements, soit 1/3 du parc français, sont dans le bâti ancien ou patrimonial.
3,1 millions de logements sont vacants, soit 8 % des logements.
5,8 millions de logements sont des passoires thermiques, dont 567 000 ne peuvent plus être loués depuis le 1er janvier.
2 millions de m² de bureaux sont susceptibles d’être transformés en logements.
80 % des logements de 2050 sont déjà existants et devront être rénovés.
En outre, les gains de la rénovation vont bien au-delà de la seule offre supplémentaire de logements. La rénovation permet de préserver les ressources (80 fois plus de matériaux sont nécessaires à la construction d’un logement collectif par rapport à la rénovation d’un bâtiment équivalent), et 10 milliards d’euros par an de coûts de santé pourraient être évités si l’ensemble des passoires thermiques était rénové d’ici 2028.
Au lieu d’agir en ce sens, le Gouvernement fait le choix d’amputer fortement les moyens dédiés à MaPrimeRénov’ pour réduire les dépenses de l’État, qui seront par ailleurs alourdies par les mesures favorables qu’il a prises en faveur de la construction neuve. C’est une faute politique qui va aggraver la situation déjà fragile des TPE du bâtiment, largement actrices de la rénovation, et qui va passer à côté des besoins réels des Français.
Une exaspération croissante chez les artisans
La CAPEB déplore que les arbitrages pris ne soient que trop rarement favorables aux TPE du bâtiment. Pourtant, de nombreux organismes, y compris des agences de l’État telles que l’ADEME, s’accordent sur le potentiel qu’offre la rénovation en termes de logements. Le Gouvernement de Gabriel Attal s’était même prononcé favorablement sur les propositions de la CAPEB pour dynamiser la rénovation énergétique, propositions qui ne sont toujours pas mises en œuvre à ce jour. De ce fait :
Le nombre d’entreprises RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) reste identique à 2015, alors que la transition écologique est une priorité nationale.
L’accès à la qualification RGE par Validation des Acquis de l’Expérience (VAE), qui permettrait à un plus grand nombre d’entreprises de contribuer au marché de la rénovation énergétique, est toujours en attente de décision depuis un an.
La limitation de la sous-traitance à deux rangs n’a toujours pas été mise en œuvre, alors qu’elle permettrait de lutter contre les fraudes et d’assainir le marché.
Un appel à la juste reconnaissance des TPE
Dans son discours de politique générale, François Bayrou a plaidé pour une démocratie sociale. Pour la CAPEB, celle-ci passe nécessairement par une prise en considération des TPE et des décisions politiques concrètes qui leur sont favorables. La CAPEB appelle les pouvoirs publics à prendre en considération le rôle central des TPE dans l’économie française. Elles représentent un « trésor caché » qui contribue à relever les défis sociétaux et environnementaux.
« Nous sommes arrivés à un point de non-retour : on ne peut pas continuer à appeler à la démocratie sociale tout en prenant des décisions qui pénalisent nos entreprises artisanales. Un défi sociétal et environnemental majeur est devant nous, mais nos entreprises, qui s’emploient à le relever, ne figurent toujours pas parmi les priorités nationales. À ce jour, les actes politiques ne traduisent aucune réelle compréhension des enjeux auxquels font face les artisans. Nous alertons sur l’ineptie économique et sociale d’ignorer le potentiel que représente la rénovation et de tout miser sur la construction neuve, et nous continuerons à proposer des solutions. Il est désormais impératif de les mettre en œuvre. » Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB.
Consulter la note de conjoncture du 4ème trimestre 2024
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500 000 entreprises, soit 96 % des entreprises du bâtiment, employant entre 1 et 10 salariés
570 000 salariés, soit 45 % des salariés dont 14 % de femmes
60 000 apprentis formés dans le bâtiment
Presque la moitié du chiffre d’affaires du bâtiment (47 %)
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